Episode 3 – La Désirade en long et en large

A vrai dire la Désirade est une île de 11km de longueur et 2km de large, il n’est donc pas difficile d’en faire le tour rapidement. Néanmoins, sa géologie principalement composée de calcaire a permis la création de nombreuses grottes. On a ouïe dire qu’un certain nombre d’entre elles restent inexplorées. Malgré notre passage, elles le sont toujours. Dire que nous nous sommes autorisés quelques détours aventureux à la recherche d’un trésor oublié !

Notre première balade nous a amenés à la pointe est de l’île où nous avons découvert les ruines de l’ancienne cotonnerie, détruite par un cyclone en 1928, le phare et la station météorologique désaffectée.

Pour notre deuxième promenade, nous nous sommes aventurés sur le Sentier des pêcheurs jusqu’à la chapelle de Notre-Dame du Calvaire puis nous avons poursuivi notre excursion sur le Chemin du Grand Nord qui longe une partie de la côte nord de l’île réputée sauvage et peu courue.

L’île a un climat particulier pour les tropiques, elle reste très aride pour cette latitude. Nous l’avons bien compris après quelques heures de marche sous un cagnard à 30° malgré notre départ matinal. L’eau est arrivée à manquer plus vite que prévu poussant Grimault à escalader une nouvelle fois un cocotier à la recherche d’un breuvage rafraîchissant.

Le thème de notre troisième excursion fut la géologie unique de la Désirade détenant la place de la plus vieille île des Caraïbes. Retour au temps des dinosaures avec des roches datant du Jurassique (il y a environ 150 millions d’années) telles que le basalte, la radiolarite, les dykes, les tufs volcaniques et autres cailloux aux noms étranges.

Chacune de ces roches a été témoin de la formation de la surface terrestre de notre planète. Les basaltes en coussin (pillow lavas) sont nés de l’épanchement volcanique sous-marin, en vulgarisant, c’est de la lave refroidie instantanément au contact avec l’eau de mer.

Elles sont parfois soulignées par des dépôts rouges de radiolarites. Ces dernières sont des roches sédimentaires à base d’organismes planctoniques unicellulaires et microscopiques nommés radiolaires et vivant dans les profondeurs des mers chaudes. Déambuler parmi ces strates de roche rouge foncé nous a plongés dans des temps révolus, nous rappelant notre insignifiance face aux gardiennes du temps… (la Sarabande dans la tête, merci Julie)

Le dyke de couleur jaunâtre (chiasse curry dorée au soleil dixit Grimault) est une remontée de magma liquide qui fend le socle de basalte. Ici, en refroidissant, la lave est devenue de l’andésite, roche caractéristique du volcanisme des zones de subduction.

Enfin les tufs volcaniques, cinérites plus précisément, méritent la palme d’or de la photogénie. Ces roches aux teintes bleues sont le résultat d’un dépôt de cendres consolidé par l’eau lors d’une éruption volcanique aérienne.

Pour résumer, notre balade s’est terminée avec la lumière splendide d’un coucher de soleil caribéen illuminant les falaises marbrées de roches vertes, rouges, jaunes, bleues et noires, battues par les flots incessants de l’océan rugissant !

Comme vous avez pu le lire, ce fut une promenade des plus inspirantes. Pour récompenser votre courage d’avoir supporté notre lyrisme à deux sous jusqu’ici, voici un schéma complet qui résume la formation de l’île de la Désirade.

Et nous, pour se remettre de toutes ces émotions, nous avons fini au Black and White, le bar du cousin d’Aline, Jeannot, pour siroter deux rhums arrangés au maracudja et à l’olive sauvage.

Sur les trois grandes balades de l’île, il ne nous en restait plus qu’une à faire, celle de la Grande Rivière traversant toute la largeur de l’île en plein centre. Pas facile à trouver, nous avons dû rebrousser chemin jusqu’à la plage du Souffleur pour demander de l’aide. Qui voilà, fidèle à son poste ? Notre cher ami François qui tenta de nous expliquer tant bien que mal comment rejoindre le sentier. Sûrement apitoyé par nos têtes d’incompréhension totale, il finit par nous guider en scooter au début du chemin.

Suivre le lit de la rivière pour arriver à l’endroit où elle se jette dans la mer, pile au coucher du soleil fut une expérience impressionnante. Nous savions qu’en commençant à marcher à 15h20, nous risquions de nous faire surprendre par la nuit d’où l’intérêt d’avoir pris nos lampes frontales et de compter les affluents pour prendre la bonne embouchure au retour. Pour la première fois, nous étions dans ce qui semblait être une forêt tropicale dense et majestueuse. Néanmoins, elle devenait de plus en plus inquiétante au fur et à mesure que les heures défilaient, le balisage s’estompant en même temps que la lumière du soleil. Malgré nos craintes de s’égarer, nous avons pu effectuer le retour en un temps record, sortant de la forêt avant la nuit noire et terminant la balade à la lueur de la lune et de nos frontales.

Pour la dernière promenade sur la Désirade, nos pas nous guidèrent à la pointe des colibris, à l’extrême ouest de l’île, au début du chemin du Petit Nord. Ce très court sentier nous a amenés à un petit estuaire situé entre les falaises de la côte nord où nous avons pu vivre un superbe coucher de soleil au sommet d’un éperon rocheux. Laissons parler les photos !

Comment finir cet article sans parler des plages de Fanfan et à Galets ? Avec celle du Souffleur, ce sont les seules où nous nous sommes baignés, celles de Fanfan et à Galets étant aussi les repères des pêcheurs d’oursins et de burgots. La plage de Fanfan s’est vue totalement reconfigurée après le passage d’Irma, une bande de sable de 500 mètres permet de s’avancer loin dans l’océan tout en ayant l’eau au niveau des chevilles.

La plage à Galets, quant à elle, se trouve à l’extrémité ouest de la Désirade. Ses fonds sont semés de rochers sur lesquels s’agrippent de nombreux oursins, son eau est cristalline et sa plage de sable blanc est bordée de cocotiers. Depuis celle-ci, nous avons une vue d’ensemble sur la côte sud de l’île baignée par les derniers rayons de soleil. Un vrai havre de paix.

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