Episode 6 – Deshaies

Notre dernière semaine en Guadeloupe s’est déroulée dans un gîte tenu par un couple de canadiens, à Deshaies, ou plus précisément à Ferry pour les connaisseurs. C’est un petit village en bord de mer au nord-ouest de Basse-Terre, la commune la moins habitée de Guadeloupe. Nous avons été hébergés dans diverses chambres ou en tente suspendue dans les arbres au grès des réservations.

En réalité cette semaine n’était pas la plus intéressante en raison de divers facteurs :

 

  • Pas de projet concret à se mettre sous la dent, notre travail s’est résumé à attendre chaque matin qu’on nous assigne une tâche de rangement ou de nettoyage. Nous avons bien tenté de prendre des initiatives sur notre temps libre telles que la construction sur le site de “camping” d’un banc couvert avec des troncs d’arbres fièrement abattus à la machette. Malheureusement ce projet est resté inachevé, notre hôte ne nous ayant jamais fourni de quoi le couvrir et notre tentative de tressage de feuilles de cocotiers se révélant être infructueuse.
  • Nous n’avons pas pu beaucoup nous promener dans les environs en raison de l’absence de véhicule. Le stop a bien fonctionné mais prend du temps et n’est pas pratique pour aller faire des randonnées à la journée. Cependant, par ce biais nous avons pu faire nos courses à Deshaies et découvrir les quelques plages du coin.
  • La nourriture n’était pas comprise dans l’échange en raison de la “qualité” de notre logement (dont nous n’avons pas grand chose à faire) ce qui a commencé à creuser un trou dans notre budget en raison des coûts excessifs dus aux importations et au faible choix de commerces (une supérette et une grosse superette). Nous avons tenté de limiter la casse en récupérant les restes de nourriture dans les logements à nettoyer après le départ de leurs occupants, nous réservant parfois de bonnes surprises telles que ce mémorable et délicieux jambon “pata negra” d’Espagne ! La saison n’étant pas aux fruits, nous n’avons pu récolter que des citrons, deux papayes, du gingembre et des dizaines de noix de coco dans le jardin. Nous nous sommes aussi mis au “piégeage” de poules sauvages, expérience aussi amusante dans la confection du piège que déroutante pour le tranchage de tête à la machette. Fallait pas se louper ! On l’a eu au deuxième coup… pauvre bête !

  • La météo n’a pas été très clémente. Et dire que tout le monde ne cessait de nous annoncer l’arrivée imminente du “carême” ! Il s’agit d’une sorte de saison très sèche et chaude durant un mois, qui ravage les cultures si personne ne s’occupe de les arroser. Après deux semaines d’attente, un des habitants de Ferry est arrivé à la conclusion que nous étions en plein “carême vert”. Nous n’aurons eu que de la pluie ! Astuce pour les voyageurs tropicaux non avertis : en cas de travail sous la pluie, ne vous couvrez pas d’un imperméable, ça n’est qu’un vêtement supplémentaire à faire sécher, dans tous les cas vous finirez trempé jusqu’aux os que ce soit par la pluie ou la sueur. Le plus futé est de se dévêtir au maximum pour garder les vêtements à l’abri. De toute façon, il fait chaud !
  • Pour finir, nous nous sommes réjouis de l’arrivée de deux autres bénévoles, les premiers que nous croisions. Malgré notre enthousiasme, l’entente n’a pas été à la hauteur et notre départ aussi rapide qu’improvisé fut un soulagement.

 

Le point positif de cette semaine est qu’elle nous a permis de re-cibler notre projet afin d’éviter trop de dépenses inutiles ou de lassitude. A l’avenir, nous n’irons donc que chez des hôtes nous logeant et nous nourrissant avec un projet défini à l’avance ou en demande pour le concevoir puis le réaliser. Nous pourrons alors rester longtemps dans ce genre d’endroit pour y découvrir un mode de vie, une culture et un environnement. Si nous désirons visiter un lieu en particulier pour son attractivité touristique (intérêt culturel, historique, sportif, etc.) sans avoir un hôte correspondant à nos attentes, nous prenons le parti de faire du tourisme classique (logement loué, voiture, etc.) afin de voir ce que nous voulons le plus vite possible. Cela nous permet ainsi de profiter de notre voyage sans regrets plutôt que de trouver un hôte peu intéressant et de ne pas pouvoir visiter à notre guise en raison des 4 heures de travail quotidien.

 

C’est avec ces idées claires et un nouvel élan pour notre aventure que nous sommes partis en stop de Ferry pour rejoindre Le Gosier. Nous y avions réservé une place de camping à 14 euros par personne pour 1 nuit dans une auberge de jeunesse afin de prendre l’avion le lendemain, destination Puerto Rico. Alors oui, 14 euros par personne pour une nuit en camping c’est cher mais c’est de loin le moins cher qu’on ait pu voir en Guadeloupe. Tout d’abord les campings sont inexistants, celui-ci était une pelouse autour de l’auberge, et ailleurs, la nuit est en moyenne à 50 euros. Même une nuit dans un dortoir de seize personnes dans la même auberge était à 22 euros par personne…

 

Bref, après quelques heures de stop et bus, nous arrivons dans un charmant petit havre de paix, au sommet d’une colline avec vue sur l’océan, un peu à l’écart de la ville. L’ambiance semble très sympa et à la cool. Les tentes sont sur une pelouse coupée au quart de poil devant l’entrée et il y a même une personne installée avec un hamac et un tarp (une sorte de bâche étanche) à côté de la zone de vie. Nous nous installons et apprenons à connaître un couple de voyageurs cordistes avec qui nous nous entendons bien. Ils décident de descendre à la plage tandis que nous profitons du calme ambiant pour nous prélasser tout en préparant la suite de notre voyage à Puerto Rico.

 

Soudain, un homme surgit et nous interpelle sans un bonjour sur un ton très désagréable : “c’est à vous les tentes là ? Va falloir les bouger et vite parce que ça va pas du tout !”. Il disparaît aussi vite qu’il est arrivé. Ne connaissant pas cette personne qui ne s’est pas présentée, nous ne le prenons pas au sérieux et ne réagissons pas. Dix minutes plus tard, il revient à la charge presque menaçant, nous lançant : “je déconne pas, vous allez bouger vos tentes et tout de suite !”.

Cette fois-ci nous répondons et après une discussion plus ou moins calme, nous apprenons que c’est le gérant de l’auberge de jeunesse et que la jeune fille à l’accueil qui nous a gentillement reçus a fait une erreur en installant les campeurs devant l’auberge, la place des tentes serait plutôt à l’arrière, à croire que ça ne fait pas bon genre.

Sans trop de choix et agacés par le traitement reçu, nous prenons donc nos affaires et traînons notre tente à moitié démontée vers l’arrière du bâtiment. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase : l’emplacement “prévu” pour le camping se trouvait être un véritable dépotoir, en plus d’être rocailleux, en pente et sous les balcons, il semblait servir accessoirement de déchetterie et de toilettes pour les chiens. Hors de question de planter la tente dans un endroit pareil ! Remontés, nous retournons chercher Jean, le “super gérant”, pour lui exprimer notre mécontentement sur un ton moins diplomatique qu’auparavant. Autant dire que nous ne nous sommes pas fait un ami. Au moins, nous avons pu gagner une place de camping en face de la terrasse-restaurant, à 20 mètres de notre emplacement initial, et le fruit de notre altercation a pu bénéficier aux autres campeurs lorsqu’ils sont revenus de leurs excursions. Malheureusement pour nos camarades campeurs, les déconvenues ne se sont pas terminées là, mais ne méritent pas davantage d’attention. La morale de cette histoire est qu’il faut fuir le E.Gwada Hostel et surtout Jean qui, de ce que nous avons pu voir, martyrise sans vergogne, les clients à petit budget et ses employés.

 

Il était donc temps pour nous de quitter la Guadeloupe. Évidemment, c’était sans compter sur l’inexistante ponctualité notoire des bus guadeloupéens qui nous ont offert en cadeau d’adieu un petit moment de stress à 5h du matin. Nous sommes tout de même parvenus jusqu’à l’aéroport en temps et en heure. À nous Puerto Rico, isla del encanto (île du charme) !

 

6 réflexions au sujet de « Episode 6 – Deshaies »

  1. Dommage que votre séjour en Guadeloupe se soit terminé sur un B-mol. Pour nous en tout cas votre vidéo le clôture superbement.

  2. j’ai aimé l’iguane , tranquille,tranquille… et beaucoup le tressage de palme; dommage que cela n’est pas abouti , mais cela crée une belle matière !
    Le type de piège utilisé s’appelle un « trébuchet », je crois : c’est un beau nom, terriblement efficace ! le coq, sauvage, prend vite de la hauteur !
    Nous sommes si heureux de vous voir vivre votre aventure que nous sourions benoitement devant la fenêtre sur votre monde…
    enfin, Uli surtout !
    😉

  3. super les vidéos, on est vraiment sur vos talons, dans vos pas, vos yeux… et la mer soulevée par Nathalie, on la ressent !
    Qqs désappointements, mais c’est si bon…
    Tiens, je vais re regarder le « sous l’eau » particulierement avec Co la semaine prochaine !

  4. Super la vidéo de la fin 🙂 j’ai un peu voyagé avec vous!
    You know me, j’ai souffert pour la poule jajajaja.
    Bisous à vous deux et à très bientôt pour d’autres nouvelles.

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