Lors de notre séjour à la Désirade et plus précisément lors de notre travail de bénévole dans le potager de Jörg et Aline, nous avons décidé de construire un compost. Quel jardinier digne de ce nom se passerait d’un compost ? Cet outil est bénéfique pour plusieurs raisons : 

• Il permet d’évacuer un grand nombre de déchets domestiques surtout si vous faites attention à ne pas acheter de produits avec trop d’emballages.
• Il aide à préparer l’avenir de votre potager. Même en ayant une terre riche comme ici à la Désirade, la culture répétée va l’appauvrir et la rendre moins fertile d’année en année (d’autres solutions en complément sont conseillées telles que la rotation de culture et le paillage).

La confection d’un compost est donc un investissement à long terme qui vous évitera de dépenser des sous en achetant du terreau dans des commerces.

Commençons par la construction de la structure du compost.

N’étant pas chez nous et ne disposant pas de budget pour sa fabrication, nous avons uniquement travaillé avec des matériaux de récupération trouvés dans l’atelier (un atelier composé de différents tas d’outils et de quincaillerie…). La récupération, si elle est possible, permet de valoriser des déchets, ce qui est une bonne chose pour la planète. Cependant, le résultat final peut en pâtir surtout si vous ne disposez pas de beaucoup d’outillage et de surcroît de mauvaise facture. Pas d’inquiétude pour un compost, du bricolage sera suffisant !

Après avoir réfléchi à un semblant de plan, nous sommes partis en quête du matériel nécessaire. Ce n’est qu’après cette étape que vous pourrez savoir si votre plan est compatible avec vos composants ou pas. Si la première solution n’est pas la bonne, cherchez-en une autre plus adaptée. L’exercice fait sur un compost est très facile !

Voilà sur quoi nous nous sommes arrêtés:

En fonction de vos ressources, ici le bois, vous pourrez déterminer la taille de votre compost. Les largeurs et longueurs du nôtre sont directement liées aux morceaux de bois les plus courts. Vérifiez, avant de vous lancer, que vous disposez de suffisamment de matériaux et que les dimensions obtenues restent fonctionnelles. Notre compost fera 140cm par 90cm et la hauteur sera de 120cm.

Pour commencer, veillez à nettoyer votre bois, retirez les clous si nécessaire, sans marcher dessus ! Ensuite, triez votre bois en fonction de l’utilisation que vous en ferez : ici, un tas de montants, un tas de traverses courtes et un tas de traverses longues. Si votre quantité de matériaux est très juste, pensez à faire un calepinage (calcul du nombre de pièces que vous pourrez découper dans un morceau de bois en obtenant un minimum de chutes).

Prenez ensuite un morceau de bois référence coupé à la bonne cote, ce sera votre “pige”. Pour ne pas la perdre, vous pouvez la marquer : nous avons pris les morceaux les plus courts tronçonnés d’équerre (coupés perpendiculairement au sens du fil du bois, le plus souvent dans la largeur). Il est important d’utiliser toujours la même pige afin de garder la plus grande régularité possible.

Vous vous servirez de celle-ci pour marquer les autres morceaux de bois et ainsi éviter les erreurs de cotes. Grâce à cette technique, nous avons pu travailler sans mètre !

Faites de même avec vos trois tas de bois.

Il est maintenant temps de faire un montage à blanc* pour répartir harmonieusement nos traverses le long des montants. Dans le cas où une plus grande précision fonctionnelle ou esthétique aurait été exigée, il aurait été judicieux de réaliser des calculs en amont des découpes. Pour cette occasion, nous nous contenterons d’une disposition “artistique” plutôt que “scientifique”. Attention, la régularité est pourtant de mise pour avoir un résultat satisfaisant. C’est pourquoi nous utiliserons une nouvelle pige qui sera glissée entre les traverses afin de garantir un écart régulier (autant que possible). Pour que la terre du compost puisse bien être ventilée et ne fermente pas, il est impératif de laisser un jour entre les traverses. De plus, nous essayons de “faire tourner” les traverses, c’est-à-dire les raccorder à la même hauteur (encore une fois, nous travaillons avec des matériaux de récupération, faites au mieux !).

Nous vous conseillons de laisser un espace de 15cm entre le sol et votre première traverse, cela évitera qu’elle ne pourrisse au contact du sol. Les plus chanceux d’entre nous trouverons quelque chose pour isoler les montants qui serviront également de pied. Au pire, un peu de peinture à cet endroit fera durer plus longtemps votre construction.

Cette dernière étape achevée, il ne nous reste plus qu’à assembler définitivement les différents éléments de notre compost. Nous avons trouvé pour ce faire quelques clous qui feront très bien l’affaire. Il suffira de penser à les “larder” c’est-à-dire les clouer de biais, pour qu’ils résistent mieux à l’arrachement (contrainte appliquée dans l’axe contrairement au cisaillement qui est une contrainte appliquée perpendiculairement à l’élément qui subit les efforts). Évitez de planter vos clous dans un noeud (partie très dure) ou proche du bord du bois pour ne pas le fendre.

Pour le montage, procédez de la manière suivante:

Assemblez les deux côtés opposés les plus longs en commençant par clouer la traverse haute puis la basse et en vérifiant régulièrement l’équerrage. Pour ce faire, Pythagore vous sera d’une grande aide et sera même plus précis qu’une équerre sur de grands assemblages, néanmoins, il faut posséder de quoi mesurer !

Avant de clouer, vérifiez l’affleurement (mettre de niveau deux corps contigus, de manière que l’un ne fasse pas saillie sur l’autre) entre les traverses et les montants.

Pour finir, reliez vos deux panneaux réalisés précédemment par le restant de vos traverses en respectant les précautions énoncées plus haut. L’affleurement se fera cette fois-ci entre les traverses des panneaux et celles que vous vous apprêtez à clouer.

Votre structure de compost est terminée, pour apprendre à préparer son contenu je vous invite à regarder cette vidéo.

*Ce terme désigne un montage préalable durant lequel on vérifie la bonne association des différentes pièces de la fabrication (meuble, charpente, marqueterie, etc.).