Episode 4 – Noël à la Désirade

Samedi 23 décembre, à la Désirade, Guadeloupe

Nous passons la journée dehors à la plage de Fifi puis allons à Baie-Mahault pour voir le coucher de soleil en attendant le début de la soirée chanté Nwèl qui débute à 20h. Nous prenons l’apéro près de l’ancienne cotonnerie pour tuer le temps tout en observant les étoiles et en essayant de repérer les constellations grâce à une carte du ciel de Grimault. Cassiopée et Orion se distinguent bien, puis au fur et à mesure que la nuit tombe nous apercevons le Cocher, les Pléiades, Persée.

19h30, il est temps de se diriger vers la salle des fêtes pour se mettre dans l’ambiance de noël. Nous apprenons que c’est le 7e et dernier chanté Nwèl. Les désiradiens sont nombreux au rendez-vous. Nous prenons place et attendons que la fête commence. “Douce nuit” en créole sur un rythme dansant lance le début des festivités.

S’ensuivent plusieurs chants de Noël à la gloire du petit Jésus sur des rythmes africains et latins. Les gens se lancent sur la piste de danse, des organisateurs circulent dans la salle distribuant du rhum et des petits fours. L’ambiance est conviviale.

Sans que nous l’ayons vu venir un monsieur demande à Nathalie de danser avec lui et la voilà en train de tournoyer sur la piste parmi les autres couples de danseurs. Il est 21h30 passé, la fatigue commence à se faire sentir même si la soirée bat son plein. Nous décidons de partir vers 22h.

 

Dimanche 24 décembre, à la Désirade, Guadeloupe

Nous nous réveillons toujours sans programme défini pour le repas du soir de Noël. Journée à la plage du Souffleur en perspective : nager dans l’eau turquoise, grimper des cocotiers, paresser à l’ombre d’un palmier.

Puis nous parcourons les environs à la recherche d’un restaurant pour ce soir. Aujourd’hui tous nous répondent qu’ils seront fermés alors qu’hier nous avions obtenu la réponse inverse. N’ayant plus le choix nous nous imaginons préparer un bon poisson acheté à la poissonnerie. Il est déjà 17h, elle ne va pas tarder à fermer.

Devant la station essence, non loin de la poissonnerie, les festivités de Noël ont pour certains déjà commencé : le champagne et la bière coulent à flot sur un air de Despacito. Et là, quelqu’un nous interpelle. C’est le monsieur avec qui Nathalie a dansé la veille. Tout guilleret, Alex nous invite à se joindre au groupe et nous offre des coupes de champagne. Il se dit très content de nous voir au point de nous convier à fêter Noël avec sa famille. Ça tombe bien la poissonnerie est fermée.

D’ailleurs un de ses frères est présent, Jacques, qui très rapidement nous emmène chez sa maman, lieu de la soirée, pour nous présenter au reste de la famille. Ils sont 10 frères et soeurs : 6 soeurs et 4 frères. Les femmes s’activent aux fourneaux pendant que Jacques et Alex nous font visiter le terrain de leur mère sur lequel sont construites deux autres maisons, celle du beau frère et celle de Jacques encore en cours de construction. Autour de la maison familiale sont plantés des cocotiers, un avocatier, un papayer, un fruit à pain, des ignames et des bananiers. A l’intérieur, de longues tables de jardin en plastique ont été placées dans le salon pour accueillir tous les membres de la famille, dans un coin, il y a un lit simple qui sert aussi de canapé et contre le mur d’en face d’énormes enceintes détonnent avec le reste du mobilier casi inexistant.

On nous fait goûter au jambon de Noël et au boudin noir créole, le tout accompagné de rhum à l’anis, annonçant un repas prometteur pour la suite. Il est 18h30, ayant sérieusement besoin d’une bonne douche, nous promettons de revenir pour 20h30. Aline qui a décidé de se coucher tôt, nous a laissé du court bouillon de poisson et des ignames “pas possible” (il suffirait de creuser pour récolter des poignées et des poignées de petits ignames). Ainsi, nous prenons un premier repas de Noël en tête à tête.

A 20h30, comme promis nous arrivons chez Jacques, cette fois-ci sans voiture, nous prévoyons une soirée arrosée. Nous sommes parmi les premiers, la musique résonne dans toute la maisonnée, Jacques est aux platines, il semblerait que la bouteille de rhum-anis ait pris un coup avec lui. Il nous répète qu’il a une faim de loup et à mesure que les convives arrivent il lance le mouvement pour s’asseoir autour de la table. Nous nous étonnons de voir tous les hommes rassemblés dans le salon tandis que les femmes finissent de préparer le festin. Très vite tout le monde s’installe, les plats arrivent dégageant des effluves qui nous mettent l’eau à la bouche (et dire qu’on avait déjà dîné une première fois !) : du poulet, du colombo de porc (une tuerie !), du boudin blanc, du boudin noir, des ignames aux lentilles, du riz au coco et aux raisins secs, et en dessert une salade de fruits. Des bouteilles de vin rouge circulent sur la table, petit plaisir de Noël. Les bouteilles de rhum ne sont pas loin.

Une fois que tout le monde a fini, nous voyons les femmes et les enfants s’éclipser, nous comprendrons plus tard qu’il s’agissait de la remise des cadeaux. En attendant, les hommes chantent et dansent sur des sons haïtiens. Un des oncles s’empare d’un siyac ou güiro (charrasca en Colombie), un instrument métallique afro-caribéen, utilisé comme percussion dans la salsa et plus généralement dans la musique afro-caribéenne. Il s’agit d’une sorte de racloir contre lequel il faut gratter une baguette.

La nuit avance, nous approchons de minuit, on nous propose d’aller voir un cousin et de manger chez ce dernier puis de revenir pour faire la fête mais Nathalie ne tient plus et s’assoupit déjà sur sa chaise. De plus, notre panse est plus que pleine et les quelques coups de rhum nous ont assommés. Nous décidons de rentrer à pied, éclairés par la lune et le ciel étoilé. Minuit a sonné, c’est notre premier Noël loin des nôtres sous la chaleur des tropiques.

 

Lundi 25 décembre, à la Désirade, Guadeloupe

Réveil à 7h30 (ouais c’est tôt et en plus il n’y a même pas de cadeaux à déballer sous le sapin, ou cocotier devrions nous dire), grosse grasse matinée ! Tout au long de la journée les membres de la famille d’Aline défilent à la maison. C’est la tradition, chacun passe rendre visite à ses proches le temps de siroter un ti-punch, rhum coco ou autres boissons alcoolisées. On vous dit pas l’état des gens en fin de journée ! Alex et ses frères nous avaient dit que Noël, ici, commençait tôt le 24 et se finissait le 26 au petit matin ! Clairement nous n’avons pas encore adopté totalement le rythme festif des guadeloupéens. La journée suit son cours tranquillement, nous préparons notre départ du lendemain. Voilà, la première escale de notre voyage se finit, demain nous serons à Petit-Bourg.

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