Episode 8.2 – Un mois et demi à Las Marías : projets et activités

Si nous sommes restés longtemps à Las Marías ce fut entre autre grâce à la diversité de projets auxquels nous pouvions participer. En fait, à part les tâches quotidiennes à réaliser pour le bon fonctionnement de la ferme, le seul projet “imposé” était la construction d’un garage en sacs de terre (earthbag). Pour ce projet, Grimault s’est démené pour dessiner les plans et coordonner le chantier, puis face au manque de matériaux nous avons fini de détruire une construction ayant subi la colère de Maria afin de récupérer le gravier et surtout les tuyaux en plastique utiles pour réaliser un drainage sous les fondations (c’est un système d’évacuation de l’eau de pluie). Avant d’entamer le gros du chantier, c’est-à-dire remplir et entasser des sacs de terre, il a fallu préparer des outils : nous avons donc construit des tasseurs en ciment mais surtout des boîtes et des cintres en bois de palette allant servir de structure sur lesquelles viendraient se poser les “earthbag” pour former les arches des fenêtres du garage. Nous sommes partis avant même que les fondations ne soient terminées.

Autrement, nous étions libres de faire ce que nous voulions pour améliorer la vie en communauté, l’autonomie du lieu ou tout simplement mettre en pratique ce que nous pouvions lire dans les livres pour notre propre enrichissement personnel et notre plaisir.

Ainsi, parmi les projets que nous avons réalisés, il y a eu la construction d’un rack de rangement pour les machettes et les haches.

La lecture d’un livre sur le bambou et la présence de celui-ci sur le terrain nous ont incité à utiliser cette matière assez facile à travailler : pipe, boîtes, porte-savon, verres seront quelques-unes de nos créations artisanales.

La dernière semaine Grimault trouva des morceaux d’acier et l’envie de se faire un couteau devint insoutenable au point que dans son élan il a inspiré Braidy et Juan qui s’y sont mis également alors qu’ils n’avaient que peu d’outils ce qui supposait des jours entiers de travail à la lime et au papier de verre. Cependant, aucun d’eux ne s’est découragé restant éveillés jusqu’à minuit passé rien que pour effectuer le traitement thermique (le plus basique possible) des lames. Ce dernier s’est avéré compliqué en raison de la trop faible température du four. Même avec l’utilisation de deux chalumeaux le résultat ne s’est avéré que partiellement satisfaisant. Qu’importe le résultat, le travail a été plaisant.

Notre dernier projet fut la réalisation d’un sac en crochetant et tressant de la corde et de la laine pour porter plus facilement un des bidons d’eau de 20 litres.

Notre seul regret a été de ne pas avoir de week-end de libre, Clint préférant que les volontaires soient présents lorsqu’il était là. Ainsi, certains week-ends furent bien plus éreintants que reposants comme ce jour inoubliable où nous sommes partis avec Clint accompagnés par Bret, George et Juan en mission collecte de “bat guano” sans qu’aucun de nous (excepté Clint bien sûr) ne suspecte un instant l’exténuante tâche qui nous attendait.

Quand Clint nous a proposé de se joindre à lui pour descendre dans une grotte de chauve-souris et récupérer leurs excréments nous avons tous sauté sur l’occasion, plein d’entrain. L’appel de l’aventure, you know. Eh bien, pour de l’aventure, on en a eu ! Armés de nos pelles et machettes, il fallait d’abord se frayer un chemin dans la forêt pendant deux bons kilomètres jusqu’à la grotte. La bonne idée de la sortie fut un swing mémorable de machette qui termina sa course virevoltante dans le tibia droit de Grimault… Rien de méchant, hein, la machette s’est arrêtée à l’os. Heureusement, aucun de nous n’était sujet à la phobie de l’hémoglobine ! Nous vous avions prévenu, l’aventure était au rendez vous. Malgré le fait que nous nous engagions dans une grotte peuplée de chauve-souris, connues pour être porteuses de nombreuses maladies, Grimault, après s’être fait un bandage avec ce qui devait initialement lui couvrir la bouche et le nez, a poursuivi la marche tout en cédant sa place pour le déboisement à la machette. Une fois dans la grotte, il a fallu s’y enfoncer pour atteindre les zones où habitent les chauves-souris. On s’est cru dans Batman, les nuées de chauves-souris dérangées par notre présence, fendant l’air autour de nous et frôlant nos têtes en tentant de s’échapper de la grotte.

Tout le sol de la grotte était recouvert d’excrément de chauve-souris, l’amoncellement de “bat guano” pouvant atteindre jusqu’à un mètre de hauteur dans lequel d’énormes cafards et larves proliféraient. L’odeur était acide et agressive malgré nos écharpes. L’objectif était de remplir la soixantaine de sacs que nous avions apportés et de les remonter à la surface, hors de la grotte. Nous nous sommes divisés en deux groupes, Clint, Bret, Juan et Grimault remplissaient le plus vite possible les sacs tandis que George et Nathalie commençaient à les remonter tant bien que mal en attendant que le reste du groupe crée une chaîne pour acheminer le reste. Ce n’était que la première étape. La deuxième consistant à transporter tous ces lourds fardeaux d’une vingtaine de kilos chacun, pendant 2 kilomètres sur un sentier difficile jusqu’aux voitures. Et tout ce trajet sous le cagnard ! Tout ce qu’on peut vous dire c’est que l’exercice nous parut interminable mais nous y sommes parvenus ! L’expédition aura duré 6 heures.

Vous vous demandez ce qu’est advenu de la jambe de Grimault, s’il ne s’est pas vidé de son sang ? Figurez vous qu’il a survécu. Une semaine s’était écoulée et on n’avait pas encore coupé sa jambe. Bon signe ! On était pourtant parti sur un recollage scientifique à la superglue. Ça n’avait pas tenu… Ce fut à dose d’antiseptique, de crème antibiotique anti-infection et de strap que nous avons réussi à refermer sa blessure au bout de trois semaines. Cette expérience nous a permis d’en apprendre un peu plus sur les premiers secours !

Pour finir sur une note un peu plus apaisante, la seule sortie touristique que nous ayons faite pendant ce séjour, fut à Survival Beach à Aguadilla, au nord-est de l’île, avec la voiture de Clint. Nous sommes partis de bon matin en compagnie de Jannicka, Ana-Lena et Paul. Par chance aucun d’eux ne s’était renseigné sur les lieux à visiter ainsi Nathalie a imposé son planning, de toute manière elle était l’unique personne à bord en possession d’un GPS. Après une heure de route, nous sommes arrivés sur une plage de surfeurs. Pour accéder à Survival Beach, nous devions emprunter un sentier qui nous amenait à cette plage connue pour ces grands rochers. Le paradis sur terre pour Grimault ! Il ne savait plus où donner de la tête, grimpant sur tous les rochers qu’il croisait sur son chemin. Grâce à lui nous avons pu accéder à une immense plage déserte. Peut-être était-ce dû à la présence d’une base militaire de l’armée américaine, surplombant la plage, peut être que les visiteurs considéraient l’accès trop risqué. En effet, peu avant avant notre passage, Jaanicka, Ana-Lena et Paul avait rebroussé chemin, estimant le passage trop difficile. Après que nous y soyons parvenus, Grimault est retourné les chercher pour leur montrer la voie. Nous sommes restés de bonnes heures à parcourir cette plage, tentant même une baignade qui s’avéra rapide, l’océan agité nous malmenant. C’est la faim qui nous a arraché de ce rêve éveillé ! Le centre-ville d’Aguadilla fut notre dernier arrêt avant de rentrer à Las Marías. Il n’y avait pas beaucoup d’animation, ni d’intérêt touristique, ainsi une fois repus nous avons rapidement pu faire le tour de cette petite ville côtière, repère de quelques graffeurs à l’idéologie indépendantiste.

 


Les images dans la grotte ont été prises par Juan Socarraz.

2 réflexions au sujet de « Episode 8.2 – Un mois et demi à Las Marías : projets et activités »

  1. interessant d’avoir pu donner libre cours à des creations pour ameliorer le lieu de vie commun, tout en s’enrichissant des techniques du coin

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